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La dyspraxie

La dyspraxie est un trouble neurologique de l’organisation et de l’exécution des gestes volontaires.

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Tout au long de son développement, l'enfant doit apprendre de nombreux gestes. Il doit s'exercer pour réussir à écrire, découper ou même suivre les lignes des yeux lors de la lecture. Lorsqu'il commence ces acquisitions, il doit se concentrer, contrôler ce qu'il fait, mais, après un entraînement assez long, le geste devient facile, rapide, précis et automatisé. Il n'est alors plus nécessaire d'y prêter attention. On peut même faire le geste en pensant à autre chose ou en faisant autre chose. Le cerveau envoie l'ordre de faire le geste aux membres concernés, il envoie un programme moteur, c'est-à-dire une suite de gestes coordonnés dans un certain ordre. Lorsqu'un geste est suffisamment entraîné, il devient maîtrisé : l’enfant est capable de programmer ses gestes pour que ceux-ci soient automatisés.

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Un geste automatisé s'appelle une praxie, c'est le cas lorsqu'on écrit sans faire attention, rapidement et presque sans effort. Les praxies concernent la coordination volontaire des gestes appris. Par exemple, ouvrir la bouche pour bailler n’est ni volontaire ni un geste appris. Ecrire est un geste appris et volontaire. Maîtriser l’écriture constitue une praxie. Une praxie s’apprend puis ne s’oublie plus.

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La dyspraxie est un trouble neurologique durable, plus ou moins sévère, qui toucherait plus de 5 % des enfants. C'est une pathologie de la programmation, de la planification, de la réalisation et de l’automatisation des gestes. Un enfant qui ne peut pas mettre en place de praxies, qui ne peut pas automatiser ses gestes souffre de dyspraxie. Le geste ne devient jamais automatique ni efficace et demande toujours un contrôle. L'enfant dyspraxique doit toujours décomposer ses gestes, faire attention, prendre du temps, faire des efforts…comme un jeune enfant qui apprend à faire le geste. Il n'arrive pas à dépasser cette étape et à devenir expert. Il progresse par rapport à lui-même, mais l'écart se creuse par rapport aux autres. Dans la dyspraxie, ce sont les gestes volontaires qui sont touchés : l'enfant peut être capable de réaliser spontanément un geste sans s'en rendre compte et ne pas pouvoir le refaire si on le lui demande. Par exemple, dans certaines formes de dyspraxie, la motricité de la bouche est atteinte. L'enfant ne parvient pas à ouvrir correctement sa bouche pour parler, mais peut l'ouvrir bien grande pour bailler. Il faut distinguer les troubles de la coordination (ou retards psychomoteurs) qui concernent les gestes qui s'acquièrent naturellement : marcher, courir, sauter, reproduire un rythme, enchaîner des actions… et les dyspraxies qui, elles, ne concerneraient que les gestes appris : s'habiller, manger, écrire.

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Il existe plusieurs formes de dyspraxies, selon l’intensité de chaque trouble présent. On parle de dyspraxie lorsque le trouble concerne uniquement l’exécution des gestes et de dyspraxie visuo-spatiale lorsque des défauts d’organisation du regard et de repérage spatial y sont associés. L’enfant qui souffre de dyspraxie visuo-spatiale cumule les difficultés motrices avec une mauvaise coordination visuomotrice (Regarder le modèle puis écrire, lors des tâches de copie) et des difficultés à se repérer dans l’espace. Attention, un enfant peut être maladroit, avoir une écriture lente et fatigante, des problèmes de coordination ou d’élaboration du geste sans pour autant être dyspraxique.

 

L'enfant dyspraxique peut souffrir :

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De troubles de la motricité :

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* Tous les enfants dyspraxiques rencontrent une gêne pour écrire. Ils sont dysgraphiques.

* Des maladresses.

* Une motricité globale pauvre et un équilibre fragile.

* Des problèmes pour construire, reproduire un schéma ou un assemblage de cubes, découper, plier.

* Un trouble de l'organisation du regard : les yeux se déplacent de façon aléatoire lors de la lecture. L’enfant saute des mots ou des lignes, il revient en arrière. L'organisation du regard ne s'automatise pas pour accéder à une lecture fluide et rapide.

* Dans de rares cas, une atteinte de la motricité bucco-faciale avec un trouble articulatoire.

 

De troubles de la perception :

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* Des déficits visuospatiaux : l’enfant repère mal les relations des objets dans l’espace.

* Une mauvaise perception du temps.

* Des déficits de la perception tactile : lorsqu’on effleure une partie de la main de l’enfant, il n’est pas rare qu’il soit incapable de dire à quel endroit sa main a été touchée.

 

Des troubles exécutifs :

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* L’enfant ne planifie pas bien son geste, il n’élabore pas correctement l’enchaînement des différentes tâches nécessaires à l’élaboration d’un geste.

* L’enfant est impulsif, il ne contrôle pas son agitation.

 

Il est judicieux de demander un bilan pour une recherche de dyspraxie lorsque :

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* L’écriture est maladroite, grossière, pénible et coûteuse.

* L’enfant répond très bien à l’oral, il a beaucoup de connaissances et de capacités de compréhension alors que ses résultats sont décevants à l’écrit.

* La motricité globale est visiblement en décalage avec celle des enfants du même âge.

* Les gestes de la vie quotidienne sont laborieux : s’habiller, manger sans en mettre partout, faire les lacets…

* L’enfant est gauche et maladroit. Il se heurte, fait tomber les objets.

* L’enfant travaille lentement et est fatigable.

* La numération, la pose des opérations, le dénombrement et la géométrie sont très souvent échoués.

* Le repérage dans le cahier, sur la table, dans l’école est impossible ou très difficile. L’enfant n’arrive pas à s’organiser pour trouver, ranger, utiliser ses affaires.

* L’enfant évite ou refuse les activités physiques et constructives : jeux collectifs avec un ballon, vélo, roller, puzzles, légos, dessins, coloriages….

 

Le diagnostic peut être posé par un neuropédiatre ou dans un centre de ressources des troubles du langage et des apprentissages suite aux bilans d’un psychologue ou d’un neuropsychologue et d’un ergothérapeute. Un bilan orthoptique neurovisuel est généralement souhaitable pour vérifier l’oculomotricité (la motricité des yeux) et l’organisation du regard.

 

Une AVS ou un ordinateur peuvent être attribués par la MDPH. Des classes spécialisées proposent d’accueillir les enfants qui souffrent de troubles moteurs.

 

Si l’enseignant de votre enfant ne se rend pas compte de l’intensité de sa dyspraxie et de son impact sur ses performances scolaires et son rythme de travail, vous pouvez lui conseiller de s’imaginer ou, mieux, de faire l’essai de passer une journée en écrivant uniquement avec la main non dominante (la gauche chez les droitiers et inversement). Même chez les personnes qui ont dû écrire de la main gauche après une fracture de la main droite et qui ont acquis une certaine dextérité, cette main ne sera jamais aussi rapide et performante que la main dominante, dont l’écriture est automatisée, facile, rapide et sans effort.

 

Un élève dyspraxique doit sans cesse écrire de cette façon, avec une écriture qui ne s’automatise pas. C’est un peu comme s’il n’avait pas vraiment de main dominante. Même si son écriture est devenue jolie et assez rapide, il est indispensable d’avoir conscience des efforts que lui demande toute tâche écrite, efforts qui le fatiguent, le découragent et le déconcentrent. Efforts qui occasionnent des résultats irréguliers, car il n’est pas possible de fournir des efforts en permanence. Efforts qu’il fait aux dépens d’autres tâches : écouter l’enseignant, réfléchir, appliquer une règle, organiser ses propos dans une rédaction, comprendre, apprendre…

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