Le TDAH
Le TDAH, trouble du déficit attentionnel avec ou sans hyperactivité est une maladie neurologique qui concernerait 3 à 5 % des enfants. Les garçons sont beaucoup plus concernés que les filles. Ce trouble est héréditaire. Lorsqu’un enfant en souffre, il y a 40 % de « chances » qu’un autre enfant de sa fratrie en soit atteint également. Attention, un enfant qui bouge énormément n’est pas forcément hyperactif. Le véritable trouble de déficit de l’attention est dû à un manque d’efficacité du système de régulation cérébrale dont le siège se trouve dans la partie frontale du cerveau. Si le contrôle est insuffisant, l’enfant ne parvient pas à contrôler ce qu’il voit et entend (déficit d’attention), ce qu’il fait (manque de concentration ou trouble des fonctions exécutives) et/ou sa motricité (impulsivité et, dans les cas extrêmes, hyperactivité). Le dysfonctionnement cérébral en cause est lié à une lésion ou au déficit de deux neurotransmetteurs, la dopamine essentiellement, ainsi que la noradrénaline. Les neurotransmetteurs (ou neuromédiateurs) fonctionnent comme des clés qui ouvrent les « portes » des neurones (cellules nerveuses) pour laisser passer l’information d’une cellule à l’autre.
Les enfants qui souffrent d’un déficit d’attention ou d’une réelle hyperactivité neurologique peuvent être soignés par une molécule qui s’appelle « Méthylphénidate ». C’est un neurostimulant commercialisé sous les noms de Ritaline, Concerta ou Quazym. Ce traitement vise à rééquilibrer le taux de dopamine afin que le cerveau assure mieux ses fonctions de contrôle et de régulation. Pour ce faire, le Méthylphénidate inhibe la recapture de la dopamine par les capteurs cérébraux. La dopamine présente dans le cerveau reste donc disponible plus longtemps puisqu’elle n’est pas recapturée (détruite) trop rapidement.
Les fonctions attentionnelles se décomposent ainsi :
L'attention sélective consiste à pouvoir repérer et à maintenir son attention sur un élément. Elle permet d'écouter le maître sans se laisser distraire par l'agitation des camarades de classe ou les bruits de la rue.
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L'attention soutenue permet de rester concentré suffisamment longtemps sans se laisser distraire, sans faire ou penser à autre chose.
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L'attention partagée (ou attention divisée) consiste à pouvoir se concentrer sur deux choses à la fois, par exemple écouter le texte de la dictée et l'écrire en évitant les fautes.
Les fonctions exécutives sont des fonctions supérieures qui administrent, supervisent et contrôlent les autres fonctions : langage, mémoire, gestes et raisonnement. Elles permettent de :
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* Contrôler ce qu'on fait, vérifier et si nécessaire corriger.
* Planifier un raisonnement lorsqu'un travail nécessite plusieurs étapes.
* S'organiser pour résoudre un problème, choisir une stratégie, la maintenir ou en changer si celle-ci ne s'avère plus pertinente.
* Travailler en autonomie à partir de plusieurs consignes.
* Organiser et utiliser sa mémoire. Etre capable de récupérer facilement et rapidement les informations en mémoire à long terme (C'est ce qu'on appelle le rappel).
* Faire des choix.
* Inhiber, empêcher un comportement de se poursuivre, une information de s'imposer à l'esprit.
Les fonctions exécutives reposent d'ailleurs sur le mécanisme de l'inhibition. L'inhibition permet de sélectionner des processus mentaux parmi d'autres, de stopper des tâches ou des stratégies qui ne sont plus nécessaires. L'excès d'inhibition conduit à un manque de réactivité. L'enfant est apathique et manque d'initiative. Cela est assez rare. Le plus souvent, le trouble des fonctions exécutives est marqué par un manque d'inhibition :
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* L'enfant est impulsif, il répond sans réfléchir. Si on l'oblige à prendre son temps avant de répondre, il donne la bonne réponse.
* L'enfant souffre de troubles de l'attention : il est très vite distrait. Il n'inhibe pas les informations inutiles, il se concentre sur tout ce qui l'entoure, s’attarde sur ses propres pensées.
* Il passe du coq à l'âne, saute d'une idée à l'autre, commence à parler d'une chose puis change de sujet.
* L'enfant peut présenter des persévérations : il n'arrive pas à arrêter un comportement pour en changer. Il reprend le même mot, la même phrase. Il n'arrive pas à « passer à autre chose ». Il peut donner l'impression de bégayer. Des mots s’imposent à lui.
* Les fonctions exécutives jouent un rôle dans la programmation et l'organisation du langage et des gestes, qui nécessitent un découpage séquentiel. Certaines dysphasies sont liées à un trouble des fonctions exécutives. Les dyspraxies peuvent également découler d'un trouble des fonctions exécutives. Dans certains cas, le trouble de la programmation est global : l’enfant est dysphasique, dyspraxique et souffre de troubles de l'organisation de la pensée et de contrôle de l'attention.
Lorsque l'impulsivité et l'agitation motrice sont massives, il peut s'agir d'hyperactivité. Cela peut être également une instabilité motrice causée par de l'anxiété, de la dépression ou même une précocité intellectuelle. L'hyperactivité est une maladie neurologique due à un défaut d'inhibition. Le cortex frontal présente une immaturité ou un dysfonctionnement et ne joue pas son rôle de régulation. L'enfant ne tient jamais en place, quel que soit le lieu, le moment où les personnes qui l'entourent. L’hyperactivité est souvent associée à un déficit attentionnel.
Il faut être vigilant si :
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* L’enfant ne tient pas en place et bouge sans cesse. Il semble désireux de rester calme, mais n’y arrive pas.
* Il est facilement distrait, ne reste pas concentré plus de quelques secondes.
* Il n’est pas attentif. Il est « dans la lune », n’entend pas les consignes, ne réagit pas quand on lui parle.
* Il oublie les consignes.
* Il présente des persévérations : si on lui demande par exemple de réciter les jours de la semaine, après en avoir cité quelques-uns, il recommence avec des jours qu’il a déjà énoncés.
* Il ne fixe pas les apprentissages. Un jour, il sait ; le lendemain, il ne sait plus du tout.
* Il répond n’importe quoi. Il est impulsif et ne prend pas le temps de réfléchir avant de répondre.
En cas de doute, un neuropsychologue ou un neuropédiatre peuvent évaluer les troubles et poser un diagnostic. Les enfants suivis par un pédopsychiatre obtiennent parfois une prescription de Ritaline, le médicament indiqué pour les troubles de l’attention et l’hyperactivité. Il est nécessaire toutefois de consulter un neuropédiatre qui vérifiera que le déficit d’attention n’est pas associé ou causé par une épilepsie légère et donc discrète.
La présence d’une AVS peut être accordée par la MDPH.
Aider un élève qui souffre d'un TDAH
Certains enfants sont intelligents, mais ils apprennent très difficilement parce que leurs capacités d’attention sont déficitaires. L’enfant qui souffre d’un trouble déficitaire de l’attention peut rencontrer différents problèmes :
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* Il n’arrive pas à sélectionner une information parmi d’autres (par exemple, entendre tout ce que dit le maître alors qu’il y a du bruit dans la classe). C’est ce qu’on appelle l’attention sélective.
* Il n’arrive pas à rester concentré plus de quelques minutes ou quelques secondes. Il se disperse très vite, regarde autre chose, rêvasse. Il s’agit de l’attention soutenue.
* Il n’arrive pas à se concentrer sur deux choses à la fois, par exemple, écouter le maître et écrire. Les situations de doubles tâches sont malheureusement fréquentes en classe. Il s’agit de l’attention partagée ou divisée.
* Il n’arrive pas à planifier un raisonnement en plusieurs étapes, à s’organiser pour résoudre un problème, à travailler en autonomie avec plusieurs consignes, à mémoriser des informations et à les traiter simultanément (mémoire de travail), à contrôler ce qu’il fait pour se corriger, changer de stratégie, la maintenir ou l’abandonner lorsque cela devient nécessaire. Il s’agit des fonctions exécutives.
Les enseignants disent de ces enfants qu’ils sont distraits, inattentifs, dans la lune ou même démotivés, voire fainéants. Pourtant, ces enfants essayent, la plupart du temps, de faire de leur mieux, sont motivés et font des efforts. Ce trouble est dû essentiellement à un mauvais fonctionnement ou à une immaturité de la partie frontale du cerveau. Il n’est pas toujours possible d’en déterminer la cause qui peut être génétique (Dans la famille de l’enfant, des personnes ont le même trouble) ou autre : prématurité, infection, traumatisme crânien, mauvaise oxygénation au moment de la naissance... Souvent, la cause n’est pas identifiable. Ce trouble est identifiable grâce à un bilan neuropsychologique.
Que faire pour aider un élève qui souffre d'un TDAH en classe ?
1. Placer l’enfant à l’avant de la classe, à côté du maître, afin qu’il soit moins distrait et moins attiré par ce qui se passe autour de lui.
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2. Solliciter son attention en l’appelant par son prénom et en le prévenant qu’on va dire quelque chose d’important ou donner une consigne. Le rappeler souvent, l’interroger, même s’il donne l’impression d’écouter. Vérifier qu’il a compris, lui demander de reformuler ce qui vient d’être dit. Attirer souvent son attention par des changements de voix, l’utilisation de couleurs au tableau ou sur sa feuille (surlignage pour faire ressortir ce qui est important).
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3. Lors de la prise d’informations auditives, il ne peut pas prendre en compte ce que dit le maître s’il y a du bruit. Exiger le silence lors des passations de consignes et des explications orales.
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4. Le rendre actif, le faire participer, agir, manipuler.
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5. Favoriser les interactions qui permettent à l’enfant de maintenir plus facilement son attention : adulte ou enfant qui l’aide ou lui pose des questions, travail sur ordinateur avec un logiciel qui utilise des couleurs, de la musique, une forme interactive et ludique, un petit personnage qui encourage et félicite l’enfant.
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6. Favoriser l’intérêt de l’enfant afin qu’il mobilise plus efficacement son attention et plus longtemps : cours animés, attrayants avec des exemples drôles, dans une ambiance de classe sympathique.
7. Si lire lui demande beaucoup d’efforts et de concentration, ce sera aux dépens du reste (la compréhension, le raisonnement, la mémorisation, c'est-à-dire l’essentiel). Il vaut mieux lire un peu à sa place pour alléger ses efforts d’attention.
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8. Ne pas lui demander de partager son attention, de faire deux choses à la fois : par exemple, pour les dictées, lui demander de répéter la phrase afin qu’il la mémorise avant de l’écrire. Ne pas lui demander d’écouter le maître et en même temps de copier ce qui est écrit au tableau. Ne pas lui donner deux consignes en même temps.
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9. Pour les enfants qui sont attirés par ce qu’ils voient autour d’eux, afficher au mur de la classe des résumés des notions à acquérir avec des exemples, éventuellement avant de les aborder. Si, par hasard, il les lit, cela l’aidera à mieux se concentrer sur ces notions lorsqu’il les entendra de nouveau.
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10. Favoriser l’apprentissage par incidence (sans s’en rendre compte) qui se fait automatiquement et sans effort, par le biais de jeux, de recherches, de pièces de théâtre.
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11. En calcul, les erreurs d’inattention sont fréquentes : lui apprendre à se relire, à chercher les fautes comme s’il corrigeait le travail d’un autre enfant. Lui apprendre à critiquer un résultat afin de repérer s’il est possible ou non : Par exemple, 180 - 95 : si je trouve 275, c’est impossible, je ne peux pas trouver plus que 180 puisque j’ai soustrais.
12. Si le trouble est très sévère, il est possible de demander une AVS.
Si l’enseignant de votre enfant ne se rend pas compte de l’intensité de son TDAH et de son impact sur ses performances scolaires, vous pouvez lui conseiller de comparer son élève à un conducteur qui ne peut réprimer un endormissement au volant. Si nous commençons à ressentir de la fatigue alors que nous conduisons de nuit et que nous ne faisons pas de pause, il devient de plus en plus difficile de rester vigilant, quand bien même nous sommes parfaitement motivés à ne pas sombrer dans le sommeil pour ne pas périr dans un accident. L’élève qui souffre d’un TDAH est dans cette même situation où il est motivé pour rester concentré et attentif, mais où, très vite, ses efforts sont vains. C’est plus fort que lui : il ne peut pas rester concentré en permanence. Par moment, son esprit s’évade, il oublie d’écouter. Il doit faire des efforts de plus en plus soutenus pour suivre le cours et ne pas décrocher, mais ces efforts sont coûteux, insuffisants et de moins en moins efficaces. L’autre gros problème de ces élèves, c’est que ces efforts ne se voient pas et il leur est souvent reproché injustement de ne pas faire assez d’efforts pour se concentrer, alors même qu’ils en font beaucoup et qu’ils ne peuvent pas se concentrer davantage.